Mon premier voyage toute seule

 Ça y est, mon voyage touche à sa fin, et j’avais envie de te le raconter. Si tu me suis sur les réseaux sociaux, tu as sûrement remarqué les nombreuses modifications dans ma vie ces derniers mois : une grosse rupture, des changements du quotidien, des merveilleuses rencontres, de nouvelles routines qui débarquent, la fin de ma saison de mariage aussi éreintante qu’heureuse, du harcèlement, des crises d’angoisse et j’en passe.

 

J’ai commencé à ressentir un besoin d’urgence, celui de partir. J’ai évoqué à plusieurs proches mon envie de retourner à Barcelone, ville que j’affectionne particulièrement, malheureusement (ou plutôt heureusement, mais je ne le savais pas encore) personne n’était disponible pour un éventuel voyage.

 

Depuis quelque temps, ainsi qu’avec des ami(e)s qui m’encouragent, j’apprends doucement à vivre pour moi avant de vivre pour l’autre, recentrer l’essentiel, tout simplement respirer pour moi. 

J’ai toujours été dans une optique d’idéalisme de l’amour, j’ai eu tellement d’histoires où je priorisais l’autre, où je priorisais le « nous ». Finalement, je me suis un peu perdue. Et je découvre simultanément les crises d’angoisse. 

C’est durant l’une d’elles que je prends des billets d’avion et réserve un hôtel. 

 

Instantanément, je regrette et je songe à tout annuler. Partir cinq jours seule, c’est une montagne trop immense pour moi. Moi qui habituellement appelle très rapidement des amis quand j’ai 24h seule à la maison sans sortir. Impossible d’envisager de survivre à un road trip solo avec mon sac à dos. 

Cette charge insurmontable devient doucement un challenge. 

 

« Au pire, si ça ne va pas, tu rentres » 

« Si vraiment ça ne va pas, tu m’appelles » 

« Non mais ça ira, tu verras »

C’est vrai, au pire, je risque quoi ? Allez go.

Mon voyage à Barcelone avec moi-même

Premières vacances de l’année, premières vacances seule de ma vie. L’élément rassurant, c’est que je vais dans une ville que je connais bien, et que j’aime énormément. 

 

C’est parti pour une découverte dans un lieu déjà connu ou plutôt la découverte de moi-même.

 

J’appréhende beaucoup, pas le transport, ça je l’ai déjà fait plusieurs fois. Une fois arrivée, qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire ? Comment j’allais occuper mon temps ? Comment j’allais gérer cette solitude et ce silence ? 

 

Parce que comme si cela ne me suffisait pas, je décidais aussi de mettre mon téléphone en « mute » aucune notification, aucune sonnerie, aucune vibration. Les moments où je serais sur mon téléphone seront des moments où je l’aurais vraiment voulu.

 

Vous l’avez bien vu sur Instagram, ou par mes réponses de mail, je suis constamment sur mon téléphone, prête à répondre aux moindres messages. Ça m’est déjà arrivé de répondre à un formulaire de contact reçu à 1h30 du matin.

Donc dès la sortie de mon appartement je coupais tout. Direction l’isolement. 

 

Une fois arrivée sur la place de la Catalunya, j’ai été surprise d’avoir un regain d’énergie et de joie. J’étais sincèrement heureuse d’être là à en oublier presque ma boule d’angoisse qui n’attendait qu’à remonter à la surface.

J’avais uniquement réservé deux visites qui me tenaient à cœur, la casa Batllo que j’avais déjà plusieurs fois visité, mais que j’adore, et la Sagrada Familia que je n’ai malheureusement jamais pu visiter. Le reste sera purement de l’improvisation, ça m’allait très bien ainsi. 

 

C’est drôle comme plusieurs personnes à qui j’évoque ce voyage me proposent des alternatives, des contacts, et la possibilité de ne pas me retrouver seule. Alors qu’au final l’idée avait fait naître en moi cette nécessité d’être seule, et de combattre ma dépendance à l’autre.

 

Go dépasser mes limites quitte à ce que ce soit désagréable.

La découverte de mon "hôtel"

Alors ceux qui me connaissent savent que je déteste organiser quoi que ce soit, ils sont d’ailleurs impressionnés rien que par le fait que j’ai réservé seule des billets d’avion et un hôtel simultanément.
C’est vraiment la partie la moins agréable du voyage. Mais bref, j’ai évidemment réservé l’hôtel le plus près de la Rambla et le moins cher sans même lire ni les avis, ni la description, ni même regarder des photos. 

AHAH

 

Tu vois venir le truc ?

 

Du coup, je ne sais même pas si je suis vraiment surprise quand j’entends le concierge me dire que la salle de bain est commune. Moi qui ai toujours voyagé dans des hôtels étoilés et luxueux (merci les parents). C’est parti pour ajouter une épreuve de plus. Et c’est sans surprise non plus quand j’aperçois l’état d’insalubrité absolue, non non, je n’exagère même pas. 

 

J’ai pu retrouver des poils (pas à moi du coup) dans mon lit ainsi que des rognures d’ongles sur mon couvre-lit. 

Le lavabo était dans ma chambre abondait de traces organiques et je ne vous décris pas l’unique salle de bain commune. 

UN RÉGAL.

«La prochaine fois, tu liras les descriptions et tu compares les hôtels » 

 

Non la prochaine fois, je me connais, je ferais pareil. 

J’entends encore ma mère me dire « mais change d’hôtel ». Bornée comme je suis, je me suis dit que ce serait une expérience, et que je savourerai encore plus ma jolie et PROPRE salle de bain, ainsi que les draps si confortables et mon intimité. 

 

La meuf aime trop accumuler les difficultés.

 

Parce qu’évidemment le challenge solo, sans notifs n’était pas encore assez chargé à mon goût, je me rajoutais… enfin, je me retirais le confort et surtout l’hygiène HOP, c’est parti pour cinq jours.

Liberté

Rapidement, j’ai découvert une sensation de liberté nouvelle. Aucune de mes décisions, aucun de mes choix ne serait guidé par autrui. J’étais maître de mon temps et de mon parcours. 

Encore aujourd’hui, je m’aperçois avoir des attitudes et des habitudes adoptées pour l’autre, l’autre qui n’est plus. 

Il est difficile de s’en détacher complètement, ça prend du temps. Un peu comme si je ne savais plus qui j’étais si je retirais tous les filtres que je portais depuis ces dernières années. 

 

J’avais prévu de quoi m’occuper en cas de temps off, trois livres, mon iPad pour écrire et pour avoir les scans de manga (histoire d’avoir toujours un truc à lire AHAH). Suffisamment de batterie externe pour avoir mon gps et de la musique (je ne peux pas vivre une journée sans musique). Moins de fringues que ce qu’il me fallait, afin d’acheter deux trois trucs là-bas, et quelques pellicules pour faire de l’argentique of course. 

 

Je crois que je n’ai jamais autant marché, cinq jours à me promener un peu partout, retourner plusieurs fois aux mêmes endroits, marcher sans but pour en découvrir d’autres. Je me suis même surprise à retirer mes écouteurs pour me laisser envahir par l’ambiance. Ça faisait aussi bien longtemps que je n’avais pas autant bu d’alcool, moi qui n’en bois quasiment plus, les sangrias ont coulé à flots. Comment ne pas évoquer les tapas, je crois que j’ai mangé que ça. 

 

J’ai tout de même eu un doute, au bout de deux jours je me suis dis que ce serait bien si je pouvais rentrer plus tôt, que cinq jours, c’était « trop ». J’ai checké des possibilités de retour avorté. Pour au final me dire que j’allais bien trouver de quoi m’occuper. 

 

Évidemment que j’allais encore trouver quoi faire, encore aujourd’hui je n’ai pas tout fait dans cette ville. Mais mon envie n’est pas de tout voir, juste voir ce qui me parlait sur le moment et à mon rythme. 

 

Le dernier soir, la boule d’angoisse commence à faire apparition, et en un simple coup de fil à mon meilleur ami pour se donner des nouvelles et cette angoisse s’évapore aussitôt.

 

Comme quoi, finalement, je me cachais derrière cette dépendance qui n’était pas si dévorante que ça, j’ai adoré passer ces moments seule et pense déjà à mon prochain séjour, peut-être à Bruxelles ? Cette fois une destination inconnue maintenant que je sais que la cohabitation avec moi-même est plutôt agréable. 

 

Je suis quand même très heureuse de rentrer, et retrouver mes animaux, mes copains, MON TRAVAIL, ma douche toute propre et immaculée, mes petites routines que j’affectionne encore plus.

J’ai alors fait beaucoup de photos et de vidéos de cette expérience, et ce n’est sûrement pas grand-chose pour vous, j’ai des amis qui partent à l’autre bout du monde pendant des mois seuls. Mais pour moi, ce fut une grosse sortie de ma zone de confort. J’aime encore plus Barcelone qu’avant. 

Moment marquant

Si je devais retenir ne serait-ce que trois événements marquants : 

La Sagrada Familia, j’ai encore plus apprécié la visite seule, je crois m’être assise pendant une heure à regarder les reflets colorés des vitraux. Accompagnée, il est difficile de vraiment prendre son temps, on essaye de se caler au rythme de l’autre, et j’avais un besoin d’être hors du temps, et hors adaptation.

 

La fête foraine, cela paraît un peu bête, mais quand nous étions enfants avec mon frère. Chaque année avec mon père, on faisait un manège “mourir de rire” tu sais les parcours entre les obstacles. On les faisait tous. Là d’avoir vu un manège identique, je me suis dit “si je fais ça seule, je peux tout faire seule. “

Alors certes, ce n’était pas le moment le plus fun, évidemment que c’est le genre de choses à faire en groupe. J’ai aimé avoir eu le courage de faire ce manège pour enfant, seule. Me souvenir de toutes ces années où on les a écumés.

 

Une friperie dans le quartier gothique, pareil ça paraît anodin, mais ce fut une sorte d’émancipation. J’ai parcouru les rayons et j’ai choisi seule.
Ça paraît fou, ça faisait bien des années que je n’avais pas laissé libre ma volonté de m’habiller comme je le souhaitais. Alors, mon gros pull Carhartt XXL qui m’arrive aux genoux, c’est un peu mon nouveau doudou d’adulte.

 

Où et quand ma prochaine aventure ? Surement, la Belgique, je ne sais pas quand AHAH