De la photo d'auteur, à la photo de mariage

Mon parcours entre photographe auteur et photographe de mariage.

Revenons au tout début

Certains d’entre vous me suivent depuis bien longtemps, et ils me demandent souvent comment je suis passée de mon travail d’auteur, à l’envie (le besoin) de faire des photos de mariage, et surtout comment j’ai eu envie de me lancer professionnellement dans la photo, alors que je disais à tout va que je ne voulais jamais en vivre, mais garder la photo juste en tant que passion.

Alors j’ai bien envie de vous raconter un peu mon parcours photographique plus en détail, même si je vais essayer de résumer, parce que bon, cela risque d’être bien trop long.

 

Tout a commencé en 2014 lorsque j’ai adopté ma chienne, Aysu. J’ai eu envie de la prendre en photo. Et comme tous les néophytes qui se respectent, je suis allée m’acheter un bon gros appareil photo, parce que forcément cela fera de belles photos. J’ai alors acheté le premier reflex qui était exposé dans le magasin.

J’étais si fière, de montrer à mes proches toutes les photos que je prenais de ma shiba inu, évidemment les photos étaient très moyennes. 

Et mes proches – bien qu’ils n’osaient pas me le dire – en ont vite eu marre de ma sorte de harcèlement à envoyer un tas de photos quasi identiques (bien que Aysu soit superbe, je l’admets ça devait être relou).

Très vite, j’avais envie de plus. J’ai eu envie de changer de modèle photo, de diversifier un peu mes sujets. Et en parallèle je m’intéressais doucement à la technique, sujet qui m’intéresse de moins en moins cela dis (merci à mon manuel d’appareil photo qui fut un temps mon livre de chevet). 

Me voila photo addict

J’ai passé tout mon temps libre dans des parcs animaliers. A attendre le bon moment pour avoir LA bonne photo. Mon niveau ne progressait pas très vite, mais au moins il progressait.

J’étais heureuse, de partir en balade, d’attendre, et surtout d’être seule. 

Quelques semaines après, j’étais déjà complètement addict à la photographie, et m’enfermait dans la photographie animalière. Ce n’est un secret pour personne, j’adore les animaux (ce qui n’était pas forcément cohérent, vu que j’allais dans des parcs animaliers, et donc soutenait la captivité d’animaux sauvages, mais que voulez-vous. J’étais encore jeune et le déclic viendra plus tard) les prendre en photos me plaisaient énormément. 

Mais vient le premier élément perturbateur.

L’une de mes amies me demandait souvent de la prendre en photo, chose que j’ai réussi à esquiver pendant quelques semaines. Jusqu’au moment où je ne pouvais plus trouver de prétexte pour refuser sa requête. 

Mon premier shooting photo, un pas supplémentaire vers un changement de vie, qui viendra bien plus tard.

J’avais énormément aimé cette séance photo, et le traitement de ces images, qui forcément différait beaucoup de ce que je faisais. 

J’ai commencé doucement à chercher des modèles photos dans ma région, pour continuer l’expérimentation. 

Mais je n’avais pas la moindre envie d’arrêter les photos animalières, donc je vaguais entre ses deux univers photos. 

Doucement les portraits prenaient le pas sur mes photos animalières, jusqu’au moment où je n’y pensais même plus. Puis finalement j’ai juste arrêté de faire de l’animalier, et commencé à boycotter les zoos . 

L’addiction brûlait. Je dormais photo, mangeais photo, parlais photo. Je profitais de toutes les occasions pour en faire ou en parler (d’ailleurs quand j’y pense, c’est toujours le cas). Toute occasion était bonne à prendre, j’étais même prête à me mettre devant l’objectif pour rencontrer certains photographes que j’admirais.  

Et pourtant, je n’aime pas du tout être devant l’objectif, je trouve cela si ennuyant, être derrière est tellement plus sympa !

 

Apprendre avec les meilleurs

J’ai eu aussi l’occasion d’effectuer plusieurs workshop avec des photographes, apprendre à leurs côtés. Que ce soit technique (sujet qui m’intéresse de moins en moins) ou l’histoire et le voyage (coucou Synapsie – sujet qui me passionnait de plus en plus) 

Lors de ces workshops j’ai pu repousser mes limites, comprendre beaucoup de choses, rencontrer d’autres photographes et donc d’autres styles artistiques. Tout simplement échanger sur ma passion dévorante. Je précise bien le mot passion, parce que à coté j’étais responsable en marketing, et refusais d’entendre que je pouvais vivre de ma passion. 

J’en avais pas envie, au finale j’étais surtout pas prête, je me sentais pas légitime (syndrome de l’imposteur ?) . J’avais surtout très peur de perdre la flamme que j’avais en faisant des commandes, et de perdre mon identité artistique à devoir faire des images qui ne me ressemblaient pas. 

Spoiler alert : c’est possible de faire ce qu’on aime, dans le style qui nous ressemble.

Parmi toutes mes rencontres, vient une importante, celle avec Sébastien Roignant, lors de workshops. Me plonger dans l’univers d’autres photographes alimentait le mien. Et je ne pouvais pas me douter de tout ce qu’il allait m’apporter, lui non plus d’ailleurs. 

Un mentor

Ce photographe lyonnais que je suivais de près sur les réseaux sociaux, et qui suivra mon évolution tout au long de mon parcours (d’ailleurs, ici y’a une interview sympa ), sera l’une des personnes qui m’aura aidé à en être où j’en suis – mais on y reviendra à la fin de l’article, ou peut-être dans un autre.

Et plusieurs années s’écoulèrent où mon discours de : “ non jamais je ne voudrais vivre de la photo, encore moins photographe de mariage !” (oui oui, je disais bien ça, mais on dit pas qu’il n’y a que les cons qui ne changent pas d’avis ?) restait toujours présent, et inébranlable.

A ce moment-là, la photo était un très bel exutoire, et je ne voulais pas que cela change, j’en avais besoin, j’avais des choses à dire, et je ne pouvais le faire que de manière très égoïste. C’est d’ailleurs toujours le cas, mon travail d’auteur n’est pas fini, le sera-t-il un jour ?

Une première série naîtra, et bouleverse totalement la personne que je suis : Les corps. (mais je vous en parlerai dans quelques semaines) puis d’autres moins importantes, et enfin Abattoir onirique qui ne sera au final pas une série de photo comme on l’entend, mais plutôt un très grand livre d’image qui ne se finira sûrement jamais.

Mes travaux d’auteur m’étaient nécessaires, et le sont toujours. J’étais focalisée dessus, et j’avais pas la moindre envie de faire d’autres photos que celles ci. Les années passèrent toujours, et vint un moment où je décidais de changer totalement de vie. Partir de ma région natale (L’Alsace) pour rejoindre ma compagne sur Lyon. Quitter mon job. M’éloigner de mes proches. 

Au début, je voulais retrouver un travail dans mon domaine habituel, mais semaine après semaine l’idée de travailler dans la photo m’apparut, très faiblement (c’est pas comme ci c’était devant moi depuis des années, le nombre de fois que mes proches lançaient le sujet ne se compte plus). 

J’avais dans l’idée de travailler dans la photo, sans en faire. Être dans un labo, dans une galerie, dans un concept store… J’imaginais tout, sauf être photographe. 

Et pourtant, quelques mois après, l’évidence perça enfin ma peur et mon syndrome de l’imposteur. Au même moment j’avais moins l’urgence de raconter mon histoire et matos celle de découvrir les histoires  d’autres. Puis comme si les signes ne suffisait pas, Sébastien Roignant lança une formation de photographe de mariage (je vous en parle très vite).

La conclusion qui sera mon nouveau point de départ

Et me voilà aujourd’hui. En phase avec ce que je fais, et ce que je suis. Entourée de bienveillance. Prête, et ayant réussi à assourdir ce syndrome de l’imposteur.  Il m’a fallu du temps, pour me sentir légitime dans ce que je faisais, parce que je suis du genre à foncer tête baissée, mais seulement quand j’ai le sentiment de “besoin”. 

J’ai pas simplement envie de faire des photos, j’en ai besoin. Et grâce à ces années de préparation, bien entourée, j’ai confiance en mon travail et en ce que je peux réaliser. Et je me lance enfin : me voilà photographe pro depuis fin 2020.  J’ai beaucoup de personne à remercier dans mon parcours. Ma compagne qui m’aura toujours soutenue, mes parents, ma meilleur amie, des rencontres ponctuelles, des amis porches, et bien entendu Sébastien.

Tout n’est qu’une question de bonne rencontre, au bon moment.